"Zapta" Las Vegas

Parfum emblème : Cavale de FABERGE

J’ai placé cette anecdote sous l’emblème de Cavale, parfum de Fabergé parce qu’il illustre bien l’action de ce petit épisode de ma vie. 

Le parfum Cavale est un parfum chypré pour femme  lancé en 1975. Il est connu pour son mélange sophistiqué de notes fraîches, herbacées et boisées. Ses notes de tête sont Bergamote, Galbanum, Notes vertes, Verveine citronnée, Citron, Orange. Ses notes de cœur Jasmin, Notes herbacées. Ses notes de fond Patchouli, Mousse de chêne, Vétiver, Fève tonka, Cèdre, Cuir, Musc, Bois de santal, Ambre, Vanille. 

Ce parfum vintage est considéré comme rare et recherché par les collectionneurs. Il est souvent comparé à des classiques comme Cabochard de Grès et Azuree de Estée Lauder avec une évolution vers des notes ambrées qui ont gagné en popularité à la fin des années 70. Son flacon et son nom évoquent une certaine masculinité, bien que certains le perçoivent comme un parfum unisexe.

Durée de lecture : 9 mn

    Depuis que je suis petite, je tombe. Je tombe souvent et très facilement. Plus je suis fatiguée et plus la probabilité de la chute s’accentue. Je me tords le pied, je m’accroche à un truc minuscule qui dépasse du sol, voire de la taille d’un micron et je me retrouve par terre.

Une chute chez nous, c’est une « Zapta ». Mais pour qu’elle puisse porter ce nom, il faut qu’elle soit spectaculaire, ou alors d’une manière ou d’une autre qu’elle soit mémorable. La Zapta Las Vegas est certainement l’une des plus drôles.

C’est en juillet 2007 que nous avons réalisé notre premier voyage aux Etats-Unis avec les enfants, ma fille et mon fils. Un grand tour de Californie en partant de San Francisco, en passant par le parc national de Yosemite, la Vallée de la mort, pour arriver jusqu’à Las Vegas puis retour vers Los Angeles. Un voyage merveilleux. Si merveilleux d’ailleurs que cela a été le premier d’une longue série, pratiquement tous les ans jusqu’en 2023. Et peut-être que cela se continuera plus tard.

Lors de ce voyage nous avons passé 3 jours et 2 nuits à Las Vegas dans le prestigieux et célèbre Hôtel Casino Caesar Palace. Tant qu’à être à Las Vegas, alors autant en profiter au maximum et faire les choses en grand. A ce moment-là nous pensions que ce serait l’unique fois de notre vie que nous pourrions visiter « la ville de la perdition ». Mais finalement, au cours de nos nombreux voyages nous sommes allés trois fois à Las Vegas et chaque fois nous l’avons un peu moins appréciée. Nous n’avons jamais retrouvé le sentiment intense qu’on avait ressenti en traversant pour la première fois « le Strip », cette longue et célèbre avenue bordée des plus grands et plus connus Casinos du monde. Les gens qui ne connaissent cette ville que par le cinéma ou les séries télé pensent que l’on y va que pour jouer dans les casinos. Mais ils se trompent. Las Vegas je l’appelle personnellement Disneyland pour les adultes. Chaque hôtel-casino à sa particularité et son propre thème qu’il illustre de façon incroyable. Le Caesar Palace c’est Rome dans toute sa splendeur avec ses neuf piscines entourées de petits temples dignes de la plus haute mythologie romaine. Le New York New York c’est, comme son nom l’indique, la thématique de la Grande Pomme avec carrément un roller coaster qui le traverse de part en part. Le Luxor sous forme de grande pyramide vous amène en Egypte. Le Venitian qui est traversé par des mini canaux que vous pouvez visiter en gondole avec le gondolier qui vous chante des sérénades en italien vous plonge dans l’univers de Venise de façon surprenante. L’Excalibur vous projette au temps des chevaliers. Le Paris, avec sa reproduction de la tour Eiffel dont un pied plonge carrément au milieu de l’hôtel et sa petite place de l’Opera si fidèle à l’originale vous donnent l’impression de ne pas avoir quitté la France.  Et il y en a comme cela des dizaines. Le sport favori des touristes dans cette ville c’est de passer d’hôtel en hôtel pour découvrir chacun de ces univers, souvent illustrés par des attractions et bien sûr d’acheter un maximum de choses dans toutes les boutiques mises à disposition. C’est impossible de ne pas céder, de ne pas acheter, manger, consommer tout et n’importe quoi. Surtout la première fois. Découvrir Las Vegas la première fois rend dingue. Les fois suivantes on commence à se calmer.

Au troisième jour de cet arrêt mémorable ou le portefeuille avait subi quelques dégâts suite à des achats difficilement contrôlables, nous nous étions levés tôt dans notre belle chambre du Caesar Palace car nous devions prendre la route pour rejoindre enfin Palm Springs. Après un petit déjeuner copieux au grand restaurant aux alentours de 9h du matin nous décidions qu’il était temps de partir. Nous remontions tous dans la chambre pour les derniers préparatifs puis nous ressortions pour redescendre avec les valises et un nombre indécent de sacs contenant nos achats aux Outlet (magasins de soldes) de la veille.

Je fais ici un aparté pour vous donner une petite idée de ce à quoi a ressemblé le passage aux Outlet. Les Outlet se présentent comme un grand centre commercial mais uniquement avec des marques connues, certaines de luxe, et ne vendent que des soldes ou des prix réduits sur des collections des années précédentes. En 2007 c’étaient de « vraies soldes » pas les prix déguisés que l’on trouve maintenant. Nous nous étions séparés pour que chacun puisse aller dans les boutiques qui l’intéressait. Les filles avec les filles, les garçons ensemble. Mon mari s’était arrêté chez Ralph Laurens et en avait manifestement perdu la tête. Je regardais des vêtements avec ma fille quand tout à coup mon fils Sacha surgit en courant dans la boutique, attrapa mon bras et commença à essayer de me faire sortir.

    – Maman vient vite, papa est devenu fou. Il veut tout acheter. Il faut lui enlever sa carte bleue !!

Nous le suivions rapidement et en arrivant devant mon mari j’ouvrais des yeux comme des assiettes. Il empilait les polos et les pantalons sans compter. Autant vous dire que j’ai ralenti fortement le rythme de l’empilage.

Pour reprendre ma petite histoire, arrivés au rez-de-chaussée de l’hôtel nous passions d’abord par le comptoir d’accueil général pour enregistrer la fin de notre séjour. Une fois les cartes magnétiques rendues on se dirigeait vers la sortie lorsque les enfants nous arrêtèrent et nous supplièrent de faire un dernier tour à la galerie marchande de l’hôtel.

    – Ah non !! dit mon mari, on n’a pas le temps, il faut y aller !

Mais moi aussi j’avais très envie de faire un dernier petit tour. Alors je cédais :

    – Donne nous 10 mn. Ça va aller vite. On fait un petit tour et on revient. Tu nous attends ici avec les valises.

Puis nous partions tous les trois en marchant rapidement. Nous avancions dans les allées lorsque nous sommes tombés sur un immense hall que nous n’avions pas vu la veille car la galerie commerciale faisait trois étages. Ce hall exposait des voitures américaines de luxe avec entre autres d’immenses Cadillac flambant neuf de toutes les couleurs. Fascinés par ce spectacle inattendu, on se mit tous les trois à déambuler parmi ces monstres d’acier sortis d’un autre temps. Nous étions comme plongés dans un film. Puis je finis par regarder ma montre et là je constatais que l’on risquait de friser le drame diplomatique. Cela faisait 25 minutes que l’on se baladait parmi les boutiques et mon mari nous attendait à l’accueil, probablement en train de fulminer.

    – Allez, on se dépêche ! dis-je aux enfants, papa va hurler.

Mon mari n’est pas très patient et mes enfants le savent. D’un commun accord on se mettait à cavaler vers la sortie. Mais pour l’atteindre depuis la galerie commerciale, il fallait passer par le Casino. Les enfants allaient vite et passaient devant moi qui devait courir avec tous mes paquets. Nous traversions le Casino à grandes enjambées quand soudain je me pris le pied dans une microfibre de la moquette, je me tordais la cheville et partait dans un vol plané spectaculaire ou plutôt spectaculairement ridicule. Tous mes sacs s’envolèrent avec moi et retombèrent éparpillés sur le sol.

Avec comme toujours un sentiment de scène au ralentie, je me retrouvais à quatre pattes au milieu des machines à sous. Je reprenais mes esprits et comptais mes os. A priori je n’avais mal nulle part et n’était pas blessée en dehors de ma fierté personnelle. Une fois remise du choc je levais le nez et j’apercevais les chaussures de mes enfants qui galopaient toujours devant. Ils n’avaient rien vu, rien entendu. Évidemment sur cette belle moquette prévue pour insonoriser tous les pas, c’était normal.

Dans un pays ou tout le monde à peur d’avoir un procès sur le dos, les quelques personnes qui m’avaient vu m’affaler se précipitèrent vers moi ainsi qu’un homme de la sécurité vêtu de son costume noir et de son oreillette.

    – Are you OK Miss ? Do you want some help ? Fit-il en se penchant au-dessus de ma tête. (Vous allez bien madame ? Voulez-vous de l’aide ? »

La réaction de la victime dans ce
genre de situation serait de se plaindre, limite de faire la grimace à la
moindre douleur. Mais en ce qui me concerne j’ai eu l’effet inverse. Je savais
qu’à un moment ou à un autre de ce voyage j’allais m’étaler. Les probabilités
étaient contre moi. Nous avions traversé le désert de la Mort et j’aurais pu me
tordre le pied dans un trou de sable sans aucun témoin. Mais non, il fallait
que ce soit au beau milieu du casino du Caesar Palace ! Je m’estimais
encore heureuse que ce ne soit pas en soirée parmi la foule hétéroclite qui
fréquente cet établissement. Tout ça pour dire que je fus prise d’un fou rire inattendu
et restait la tête baissée afin de cacher mon hilarité.

Au bout de quelques instants les
enfants comprenant que je ne cavalais plus derrière eux se retournèrent et revinrent
sur leurs pas. Ils s’arrêtèrent net en me voyant au sol et comprirent
immédiatement ce qui m’était arrivé. Ils n’étaient pas vraiment inquiets car
ils avaient l’habitude. Je levais la tête, on se regardait et quand ils virent
que j’étais en train de rire bêtement, le fou rire les prit aussi. Je me doutais
qu’ils riaient de moi mais moi je riais de la situation. On était aux
États-Unis, au beau milieu de l’un des casinos les plus célèbres et les plus
huppés au monde et j’imaginais les hommes de la Sécurité de l’établissement
devant leurs écrans de contrôle. On était pratiquement seuls à cette heure dans
la salle des machines à sous. Il n’y avait que moi à voir sur les écrans à
cette heure-là. Et j’imaginais toutes ces caméras immortalisant ma chute sur
cette moquette de luxe, avec tous mes sacs éparpillés sur le sol. Moi qui
faisais la fière en roulant des mécaniques en traversant cette immense pièce,
je sentais que ma fierté en avait pris un coup en pensant à ces caméras qui
filmaient actuellement mon popotin. 

L’homme de la sécurité, pensant surement
que j’avais un problème en voyant mon corps secoué par des soubresauts, fut un
peu décontenancé lorsqu’il vit mon visage une fois que j’avais relevé la tête.
Il me tendit tout de même la main pour m’aider à me mettre debout. Mais moi
j’avais du mal à réagir tellement je riais. On s’est de nouveau regardé avec
les enfants et on a éclaté de plus belle. Ils ont dû nous prendre pour des
fous.

Mes enfants finirent par avancer
vers moi et commencèrent à rassembler mes paquets pendant que l’homme en habits
noirs s’occupait de moi. Je rassurais ce pauvre homme qui craignait pour ma
santé et enfin calmée je dis aux enfants d’avancer.

    – Vite, papa nous attends…

Et on sortait en courant du Casino, autant avec un désir de rattraper notre retard que de fuir le sentiment de honte qui m’avait envahi.

Richard, très énervé nous attendait devant la voiture, garée à l’entrée de l’hôtel qu’il avait fini par récupérer auprès du voiturier. Il fallait aller vite, là-bas il ne fallait pas traîner.

    – Mais vous étiez où ?!!  Dit-il alors qu’on montait tous dans la voiture, on avait dit 10 minutes !!

Avec Eva et Sacha on se regardait et avec un grand sourire je lui répondis :

    – On va te raconter la Zapta Las Vegas !

 17 juillet 2007, Las Vegas

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut